16 novembre 2006


Ana Carolina Reston Macan, 21 ans, mannequin au fait de sa gloire. Paix à son âme. Nous sommes le 16 novembre 2006, et cette "star", de retour du Japon où elle avait dû abandonner des séances de photos de mode du fait de son extrême faiblesse, et qui devait se rendre à Paris dans notre beau pays afin d'y travailler, a payé le plus lourd tribu qui soit à la beauté en lui abandonnant sa vie.
Une pomme, des litres d'eau, voilà ce qui s'apparentait le plus à un repas de fête pour elle.
Pas de temps pour les amis, évitant à tout prix les situations conviviales dans lesquelles il est socialement convenu de consommer boissons et nourriture (soit une grande partie de nos vies sociales, il faut le reconnaître).
S'investissant toujours plus dans le travail, le sport et le contrôle d'elle même dans un cercle vicieux et destructeur dont le dénouement, sans aide extérieure, était inéluctable dans ce contexte. La question est même de savoir comment ces circonstances dramatiques peuvent rester aussi exceptionnelles dans ce milieu.

Privations, contrôle de soi, toute la souffrance résultant de cette addiction favorisée et entretenue par son milieu professionnel et ses connaissances, tout ceci concoure à faire réfléchir sur l'opportunité d'une instance de contrôle, d'une voie légale et en ce sens d'une légifération au sujet du poids -ou peut être d'une façon plus médicale du BMI- de ces travailleuses forcenées de la mode. Ceci avait déjà été le cas en Septembre dernier à Madrid, il faut une véritable concertation mondiale sur ce sujet, et une vraie information médicale sur les conséquences de l' "a"normalité, dans un sens ou dans l'autre.

En tout cas, il me semble que là où il y a souffrance, on sort du normal pour entrer dans le pathologique.
Donc il nous faut réformer en profondeur ce qui nous a été proposé et que nous avons contribué à imposer comme standard, comme canon de beauté, à savoir des jeunes filles (oui car quel que soit leur âge elles renoncent à tous les attributs de la maturité et de la maternité) squelettiques et en grande souffrance morale. Vénus, déesse pleine de grâce et de rondeurs, vole à notre secours!


Si certaines jeunes filles préfereraient mourir si elles ne pouvaient se conformer aux dictats de la mode, d'autres meurent bien trop tôt de répondre sans cesse à son exigence. Et c'est bien là que réside toute la problématique sociétale actuel.


Bref rappel médical:
L'anorexie est une conduite aparentée aux addictions, et résumée par les 3 A: Anorexie, amaigrissement, aménorrhée (abscence de règles).
Les conséquences de la déprivation de nourriture sont multiples et gravissimes (nous "sommes ce que nous mangeons", alors si nous ne nous nourrisons plus...).
- Altérations des phanères (peau -fine et ridée-, ongles -koïlonychie...-,cheveux -fins et ternes, dépilation-...)
-Anomalies ioniques et leurs conséquences (oedèmes problèmes cardiaques): Hypokaliémie -risque cardiaque par troubles du rythme et de la conduction++-, Hypoprotéinémie -oedèmes-, hypoglycémie -cortège de troubles neurologiques-, hypocalcémie, hyperlipidémie -et son risque cardiovasculaire-.
Syndrome de T3 basse (répercussions thyroïdiennes).
Hypogonadisme hypophysaire.
Anémie ferriprive et par carence en folates +/- B12.

Bien sûr ces troubles s'assortissent de troubles psychologiques empêchant notamment les jeunes filles atteintes de s'apercevoir de leur état -dysmorphophobie-
Et il faut garder à l'esprit que ces jeunes filles ont un besoin vitale d'aide et de soutien -amical, familial, médical-, et certainement pas de jugements de valeur à l'emporte pièce ("elle n'a qu'à manger". Si c'était si simple, Ana Carolina ne serait pas décédée).

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